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bandelettes pH du sol
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Comment connaître le pH de son sol ?

Chers amis potagistes, aujourd’hui je vais vous parler d’un sujet parfois méconnu mais auquel tout jardinier devrait s’intéresser : il s’agit du pH du sol et de son importance au potager pour s’assurer de belles récoltes. Sortez vos blouses et vos lunettes de chimiste, car ensemble nous allons plonger dans l’univers passionnant de l’équilibre acido-basique et découvrir comment connaître le pH de son sol !

Pour commencer, petit rappel pour dépoussiérer vos lointains souvenirs de TP de chimie : qu’est-ce que cette fameuse échelle de pH ? 

En résumé, cette échelle logarithmique, qui va de 0 à 14, mesure l’acidité d’une substance: 

  • Un pH neutre est de 7, au milieu de l’échelle (c’est le cas de l’eau pure).
  • Les valeurs inférieures à 7 indiquent un milieu acide.
  • Les valeurs supérieures à 7 indiquent un milieu basique (on dit aussi alcalin).

Et devinez quoi ? Cette échelle s’applique également à notre cher sol de potager !

Sommaire de l’article

Temps de lecture estimé : 10 minutes

Pourquoi connaître le pH de son sol ? 

Alors, pourquoi est-il si important de connaître le pH de son sol ? Eh bien, il se trouve que le pH du sol a un impact direct sur la croissance de vos plantes potagères.

Un sol trop acide ou trop basique peut entraîner des problèmes d’absorption des nutriments, provoquant ainsi des carences et limitant la croissance de vos légumes adorés.

En général, un sol potager a un pH compris entre 5,5 et 8. 

Si la plupart des plantes potagères s’accommodent d’un pH entre 6 et 7,5, les cultures peuvent être impactées à différents niveaux lorsque le pH s’éloigne trop de la neutralité.

En effet, le pH influe aussi sur toute la chimie du sol, notamment la présence de certains éléments minéraux indispensables aux plantes. Une grande partie de ces éléments possèdent une grande solubilité et assimilabilité lorsqu’ils évoluent avec des pH de sol assez neutres (compris entre 6 et 8). En revanche,  leur disponibilité devient plus problématique en présence d’un sol alcalin ou acide.

Connaître le pH de son sol permet d’intervenir afin de le réguler si nécessaire. Un pH inadéquat du sol s’arrange rarement seul et a besoin d’une intervention humaine pour se corriger.

bandelette test pH du sol
Crédit photo: Stocklib

Les conséquences d’un pH de sol trop acide 

Lorsque le pH du sol est trop acide (inférieur à 5,5), plusieurs problèmes peuvent survenir :

  1. Les éléments nutritifs essentiels, tels que le calcium, le magnésium et le phosphore, deviennent moins disponibles pour les plantes. Ceux-ci sont pourtant les trois éléments nutritifs indispensables au développement des racines et à la croissance des plantes. Si le calcium intervient dans la production des tissus végétaux et le magnésium dans la photosynthèse, le phosphore, lui, fournit un quart des nutriments nécessaires à la plante.
  1. Les métaux lourds, comme l’aluminium, deviennent plus solubles, ce qui peut être toxique pour les plantes.
  1. La vie microbienne bénéfique du sol peut être perturbée, ce qui affecte la décomposition de la matière organique et la libération des nutriments. En effet, lorsque sol s’acidifie, l’activité biologique diminue de façon remarquable et l’activité des bactéries est ralentie. L’absence de bactéries empêche la décomposition des matières organiques primordiales à la nutrition des plantes cultivées. Il faut savoir qu’un pH de suffit 5 à cesser complètement l’activité des bactéries. 

Pour résumer, un sol acide au pH bas provoquera une absence de phosphore, une certaine solubilité de l’aluminium et du fer perturbant les mécanismes du sol. Il provoquera aussi une assimilabilité moindre du molybdène et du soufre pourtant essentiel pour la croissance des plantes tout comme le calcium, le magnésium et le phosphore. 

Les conséquences d’un pH de sol trop basique

D’un autre côté, un sol trop basique (supérieur à 7,5) présente également des problèmes :

  1. Les sols basiques ont souvent une faible teneur en matière organique, ce qui limite la capacité du sol à retenir l’eau et les nutriments.
  2. Les oligo-éléments deviennent moins disponibles, ce qui peut provoquer des carences. La chlorose, par exemple, est une maladie physiologique des plantes (que l’on constate par une décoloration des feuilles) qui est provoquée par une carence en fer. Cette carence en fer empêche la production de chlorophylle qui assure l’absorption des rayons du soleil lors de la photosynthèse.
  3. La disponibilité du phosphore est également réduite dans les sols très alcalins, limitant ainsi la croissance des plantes.
  4. Le manganèse et le zinc sont rendus moins solubles et absorbables dans un sol au pH élevé. Le manganèse est en partie responsable de la germination du pollen. Le zinc, lui, est utile dans la formation de la chlorophylle et permet aussi aux végétaux de résister aux faibles températures.

Quelles cultures pour quel pH ?

Force est de constater que la plupart des légumes se contentent d’un un pH assez neutre compris entre 6,5 et 7,5. 

Cependant, certaines cultures peuvent préférer un sol un peu plus acide ou basique. 

Par exemple, les pommes de terre et les tomates se plaisent dans un sol légèrement acide, tandis que les choux et les épinards préfèrent un sol légèrement basique. En fonction de ce que l’on souhaite cultiver, il est donc intéressant de prendre en compte les préférences de chaque plante pour créer des conditions idéales de croissance.

Plantes et légumes plutôt favorables dans un sol légèrement acidePlantes et légumes plutôt favorables dans un sol légèrement alcalin
-La plupart des cucurbitacées (comme la courge et la courgette par exemple)
-Le fenouil
-Le romarin
-La rhubarbe
-L’asperge
-L’endive
-Le cornichon
La pomme de terre
La tomate
-La myrtille
-L’airelle
-La framboise
-La mûre 
-La groseille
-La mûre
-Le châtaigner
-La betterave
-Le choux
La laitue
-L’épinard
-L’oignon
-Le poireau
-Le céleri
-Beaucoup d’arbres fruitiers comme le pêcher ou le pommier

Qu’est-ce qui influence le pH du sol ? 

Le pH du sol varie selon 4 facteurs à savoir :

1) La nature de la roche-mère du sol et la décomposition de ses minéraux qui donneront des solutions plus ou moins acides ou basiques. 

Si la roche-mère présente une quantité importante de calcium alors le sol sera basique avec un pH pouvant monter jusqu’à 10. 

Si la roche mère présente une quantité importante de silice alors le sol sera acide avec un pH pouvant descendre jusqu’à 4,7.

En fonction de sa localisation, le potager pourra présenter un type de socle ou un autre et donc un sol sous-jacent à tendance acide ou alcaline.

2) L’utilisation de certains engrais ou pesticides peut modifier le pH du sol.

Le nitrate ou le sulfate d’ammonium sont par exemple des pesticides acidifiants alors que le nitrate de potassium est lui un pesticide alcalinisant qui rend donc le pH de la solution basique. 

Si une terre a été fertilisée dans le passé, elle peut conserver pendant un certain temps une acidité ou alcalinité sans lien réel avec son socle, mais plutôt influencée par l’utilisation d’engrais. Adopter des pratiques de jardinage au naturel inspirées de la permaculture permettra avec le temps de revenir à l’équilibre. 

3) La présence de certaines plantes comme l’épicéa ou le pin peuvent acidifier les sols.

Il semblerait que le sol sous les conifères et résineux soit un peu plus acide que celui sous les autres types d’arbres. Plusieurs facteurs pourraient contribuer à cette l’acidité:

  1. Les aiguilles des conifères, tels que les pins, les sapins et les épicéas, sont riches en composés organiques acides, et leur décomposition libèrerait des ions hydrogène (H+), ce qui augmente l’acidité du sol lorsqu’elles meurent et tombent au sol.
  2. Faible décomposition : Les aiguilles de conifères se décomposent plus lentement que les feuilles des arbres à feuilles caduques, car elles contiennent des composés tels que la lignine et la cutine, qui sont résistants à la dégradation. Cela signifie que les substances acides issues de la décomposition des aiguilles s’accumulent sur une plus longue période, ce qui contribue également à l’acidité du sol.

A vrai dire, je n’ai pas encore bien compris à ce stade si ces essences acidifient le sol ou s’il se trouve simplement que les conifères ont tendance à pousser dans des sols plus pauvres en minéraux basiques, tels que le calcium et le magnésium, qui neutralisent l’acidité…

4) Le pH du sol tend à évoluer seul de plus ou moins 0,5 en fonction des saisons. 

Une activité biologique intense et une présence importante de soleil peut acidifier le sol tandis qu’une certaine humidité peut augmenter le pH du sol et donc son alcalinité.

Crédit photo : iStock

Comment connaître le pH de son sol ?

Il existe différents moyens de connaître le pH de son sol, avec un degré de précision et un coût variable.

Observer la présence de plantes bio-indicatrices du pH du sol

Tout d’abord l’observation de la flore naturelle du sol peut s’avérer être un indicateur du pH du sol. Cette indication n’est pas toujours très significative ou très précise mais c’est un indicateur tout de même. 

Exemple : 

  • Un sol acide présentera plus naturellement des plants de myrtille, de bruyère, de fougère-aigle 
  • Un sol alcalin présentera quant à lui plus naturellement des plants de primevère, de mauve ou de géranium.

Pour autant, il est cependant possible que certaines espèces soient toujours présentes malgré un sol qui a changé au cours du temps. C’est pour cela que l’observation de la flore reste un moyen assez compromis et peu précis.

Le test du vinaigre blanc

Le test du vinaigre blanc à 12% – ou de l’acide chlorhydrique dilué au tiers (1 volume d’acide pour 2 volumes d’eau) – permet lui rapidement et à moindre de coût d’avoir une idée du pH de son sol. 

Mode d’emploi  : 

Il suffit pour cela, de verser sur un échantillon de sol l’acide ou le vinaigre. Si lors du versement, un bouillonnement intense et immédiat apparaît cela est la signification d’une présence importante de calcaire et de calcium donc d’un sol alcalin au pH élevé.

Si aucune réaction ne se produit lors du versement alors c’est qu’il s’agit d’un sol acide ou peu calcaire… 

Le test du bicarbonate de soude

Le test du vinaigre blanc ci-dessus permet de déterminer si un sol est alcalin ou non. En revanche, s’il ne l’est pas, il n’est pas possible de déterminer si celui-ci est neutre ou acide. Pour cela, à partir d’un échantillon de son sol, diluer avec un peu d’eau déminéralisée et en suivant le même procédé que pour le test du vinaigre blanc, ajoutez un peu de bicarbonate de soude à la solution. Si la solution mousse, vous êtes en présence d’un sol acide.

Pas de réaction dans les deux cas ? Félicitations, votre sol est neutre !

Test pH du sol vinaigre et bicarbonate
Test du vinaigre blanc et du bicarbonate sur un échantillon de mon sol potager : pas de mousse ni avec le vinaigre ni avec le bicarbonate, c’est que mon sol ne doit pas être loin d’un pH neutre !

Analyser une solution de sol

Il existe d’autres moyens plus précis afin de déterminer le pH de son sol mais ceux-ci nécessitent de préparer au préalable une “solution de sol”, c’est-à-dire de dissoudre un peu de terre dans de l’eau. Pour cela, rien de très complexe: il suffit de mélanger 50 g de sol prélevé dans le potager à 50 ml d’eau déminéralisée puis de laisser reposer le mélange une bonne heure afin d’obtenir un liquide clair. Il est important d’utiliser de l’eau déminéralisée pour réaliser l’expérience, car l’eau du robinet est souvent assez calcaire et donc basique.

C’est cette mixture qu’on va ensuite analyser grâce aux méthodes suivantes :

Le test du chou rouge

Le pigment naturel du chou rouge, l’anthocyane, est un pigment très sensible au pH et dont la couleur va changer selon qu’il est exposé à un milieu acide ou basique. Utilisée sur une solution de sol, cette réaction va permettre de situer le pH du sol potager. 

Mode opératoire : 

  1. Pour cela, il est nécessaire de faire bouillir un morceau de chou rouge rapé dans une casserole d’eau pendant 15 minutes.
  2. Filtrer le jus obtenu: on obtient un jus de chou très coloré, tirant sur le violet foncé.
  3. Ajouter ce jus violacé à la solution du sol
  4. Observer : si la solution devient rose, c’est qu’on est en présence d’un milieu acide. S’il devient bleu, c’est qu’on est en milieu alcalin
Décoction de chou rouge pour test pH du sol
Je prépare une décoction de chou rouge râpé en faisant bouillir le chou 15min dans de l’eau déminéralisée (très important car l’eau du robinet peu fausser le résultat si elle trop calcaire, ce qui est mon cas…)
De gauche à droite : 1) la décoction de chou rouge additionnée de vinaigre qui devient rose en milieu acide; 2) la décoction de chou rouge neutre ; 3) la décoction de chou rouge ajoutée à ma la solution de sol; 4) la décoction de chou rouge additionnée de bicarbonate de soude, qui devient bleu canard en milieu basique – CONCLUSION : la solution de mon sol (3e pot) est assez proche du NEUTRE… 😊!

Cette méthode permettra ainsi de savoir simplement si le sol présente un pH neutre, alcalin ou acide. Cependant il ne sera pas possible d’être très précis et de chiffrer le pH de la solution.

Les bandelettes à pH de sol pour une mesure de précision

bandelettes pH du sol
Crédit photo: Pixabay

Pour être plus précis, il sera nécessaire d’investir un peu plus en se procurant des bandelettes de test de pH. Celles-ci permettent de connaître le pH à 0,5 près. Leur fonctionnement est très simple: il suffit de tremper celles-ci dans la solution du sol et d’en comparer la couleur à l’échelle disponible avec les bandelettes.

Enfin, il sera aussi possible de réaliser le test à l’aide de kits disponibles en jardinerie. Ces kits sont fournis, avec des tubes permettant la préparation de la solution du sol et d’un réactif coloré dont le résultat permettra de découvrir avec précision le pH du sol en le comparant à l’échelle disponible dans le kit.

Exemples de kit du commerce :

test pH du sol

Test de pH du sol disponible chez Botanic, 11,60€ (non sponsorisé)

test pH terre de jardin

Testeur pH de terre de jardin disponible chez MonJardinBio.com, 5,95€ (non sponsorisé)

Comment corriger le pH de son sol ?

Corriger un pH de sol trop acide

Un sol présentant un pH trop acide peut être régulé par l’apport d’un amendement riche en calcium comme avec de la cendre de bois ou le lithothamne. Les carbonates contenus par le calcium permettront de neutraliser les ions H+ acides responsables de l’acidité du sol.

La solution principale consiste donc à effectuer un gros apport en matières organiques qui ‘absorbera’ l’acidité. En effet, les matières organiques sont des matériaux qui contiennent énormément de carbone.

Corriger un pH de sol trop basique

Un sol présentant un pH trop basique peut lui être acidifié avec du soufre mais il sera beaucoup plus difficile d’acidifier un sol alcalin que de réguler un sol trop acide.

De plus, les sols alcalins restent tout de même moins problématiques que les sols trop acides.

De la même façon que pour les sols trop acides la meilleure chose à faire est d’effectuer un important apport en matière organique pour tamponner le pH.

CONCLUSION

En conclusion, connaître le pH de son sol est une étape cruciale pour réussir au potager. 

Des échecs à répétition peuvent trouver leur explication dans un sol au pH déséquilibré, qui perturbent la disponibilité des nutriments dont les plantes potagères ont besoin pour s’épanouir. 

Alors n’hésitez pas à sortir vos pH-mètres, et partez à la rencontre de votre sol potager, il a bien des choses à vous raconter 😉!


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