Echelonner ses cultures au potager ?
Salut tout le monde, aujourd’hui je vous propose un petit article de « stratégie potagère », pour tirer le maximum de plaisir de votre potager.
En fait j’ai eu envie d’écrire cet article parce que ces dernières semaines j’ai entendu plusieurs personnes me faire le même commentaire, qui m’a interpellé.
Ces personnes étaient frustrées, voire découragées du potager. Mais ce qui m’a intrigué, c’est la raison de cette frustration. Car ce n’était pas la complainte que j’entends souvent. Ce n’était pas parce que le potager ne donne pas. Ce n’était pas la faute des semis capricieux. Ce n’était pas à cause du désherbage, ou du labeur fastidieux. Ce n’était pas non plus à cause des limaces, ni de la météo, trop froide, trop chaude, trop sèche, ou trop pluvieuse… 🤪 🌧
L’objection soulevée, c’était qu’en pratique, toutes les cultures du potager arrivent à maturité en même temps, et le pire c’est quand tout est prêt à récolter… au moment où on s’absente en vacances !
Et c’est un peu vrai quelque part. Est-ce que ça ne vous est pas déjà arrivé d’attendre pendant des semaines que vos tomates rougissent et de manquer une partie de la récolte pendant que vous êtes partis en vacances en août? Ou encore d’acheter en jardinerie des barquettes de laitues en espérant être autonome tout l’été, pour vous retrouver ensuite avec des salades à ne plus savoir qu’en faire, ou qui montent d’un coup en graines dès les premières grandes chaleurs?
En cette mi-mai nous sommes tous dans les starting blocks pour se lâcher au potager et lancer enfin toutes les plantations d’été. Sauf qu’en plantant tous nos légumes au même moment juste après les Saints de Glace, forcément on va se retrouver avec toutes nos récoltes à maturité en même temps. C’est logique.
Pire, si par malchance le potager doit subir des aléas climatiques ou des intempéries (gel tardif, pluies torrentielles, grêle, canicule, tempête de vent…) c’est toute la récolte qui risque d’être affectée 😱. Alors peut-être qu’il serait sage de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier…
Si on réalise tous nos semis sur une seule et unique période, il est notamment possible que les conditions météorologiques ne soient pas propices à la levée cette semaine là, par exemple en cas de gel nocturne, ou de grosse chaleur. Alors que les semis de la semaine suivante auraient parfaitement levé sans problème. Idem pour le repiquage et la plantation: la météo peut être défavorable à une bonne reprise.
Le plus malin et le plus rationnel, c’est donc de ne pas tout semer et planter au même moment…
Voyons donc quelques astuces pour étaler ses récoltes et mieux profiter du potager.
Echelonner les cultures pour étaler les récoltes
La première astuce pour étaler ses récoltes, c’est d’échelonner ses cultures dans le temps.
Plutôt de que semer toutes les laitues d’un seul coup en avril/mai, il est plus judicieux de prévoir de semer quelques laitues tous les mois pour assurer une consommation régulière et avoir constamment de nouvelles salades au potager.
Idem avec les radis : pas la peine de semer 3 carrés de radis d’un coup, surtout qu’une fois à maturité il sera difficile de les faire patienter, car s’ils ne sont pas récoltés, ils vont devenir très forts voire piquants et se creuser.
En fonction de votre consommation, cette culture à cycle rapide se prête très bien à un semis échelonné toutes les 2 à 4 semaines, pour toujours avoir de bons radis croquants sous la main.
Echelonner ses récoltes en cultivant des variétés diversifiées
Pour échelonner ses récoltes au potager, on a vu qu’il était possible d’étaler ses cultures dans la durée.
Mais une autre façon de récolter en décalé, est de diversifier les variétés cultivées et de jouer sur des durées de maturité différentes. En effet pour chaque espèce, on trouve des variétés dites précoces ou « hâtives » qui vont donner tôt dans la saison et des variétés tardives, qui vont donner plutôt en fin de saison.
Non seulement il existe des espèces plus ou moins adaptées à chaque saison, mais chaque variété mettra donc plus ou moins de temps à produire. C’est le cas pour les laitues, mais aussi pour les tomates, les aubergines, les poivrons, les courgettes les haricots…
Echelonner ses récoltes de tomates
Prenons l’exemple des tomates: pour ne pas attendre jusqu’au 15 août de manger des tomates du jardin, il est recommandé d’inclure dans sa planification de potager des variétés de début de saison comme la Marmande, la Reine des Hâtives, ou la Fournaise F1 qui donneront dès le début juillet.
A noter que ces variétés sont également bien indiquées pour des potagers situés au Nord de la Loire ou en altitude, dans les régions au climat frais et humide où la saison est plus courte, pour laisser une chance aux fruits d’arriver à maturité.
Au Sud de la Loire, dans les régions au climat plus chaud, il est donc recommandé de panacher ces tomates précoces qui donneront une première récolte en juillet avec des tomates de mi-saison comme la Rose de Berne, la Green Zebra, la Grushovka, la Noire de Crimée, la Cornue des Andes, qui prendront le relais sur le mois d’août, et bien sûr des variétés de fin de saison comme les tomates Ananas ou la Coeur de Boeuf, la San Marzano, pour continuer à profiter des tomates du jardin jusqu’en octobre. A noter que plus les fruits sont gros et charnus et plus la récolte sera tardive en général.
Echelonner ses récoltes de fraises
Une autre culture phare du potager qui mérite d’être échelonnée c’est bien sûr la fraise !
Personnellement quand j’ai débuté au potager, je n’ai pas trop réfléchi et j’ai pris les premiers fraisiers que j’ai trouvé en jardinerie. Ces fraisiers me donnent de belles fraises ce n’est pas le sujet, mais il s’agit de fraisiers plutôt tardifs dans la saison, qui connaissent une floraison à partir de la mi-mai et ne donnent des fraises qu’en juin. Du coup je suis chaque année un peu frustrée quand je vois des copains jardiniers qui ont déjà des fraises à partir d’avril 😝…
Si vous démarrez une fraiseraie, voici donc quelques conseils inspirés de mon expérience personnelle:
- Panachez les variétés précoces (gariguette, ciflorette) et les variétés tardives (charlotte, mara des bois)
- Optez pour des variétés remontantes qui vont donner une première fois au printemps, s’arrêter un bon mois puis reprendre jusqu’aux gelées.
- Intégrer aussi des variétés non remontantes pour avoir des pics de production lorsque les remontantes s’arrêtent de donner. Pour faire des confitures les variétés non remontantes sont idéales.
Prolonger les saisons ?
Enfin, pour prolonger encore le plaisir de récolter sur une période plus longue, il est bien sûr possible de recourir à des protections pour élargir les saisons. C’est même une solution quasiment indispensable à envisager pour les potagers situés en climat frais ou montagnard.
Serres, tunnels, cloches et voiles de forçage permettront de cultiver plus précocément au printemps et plus tardivement en automne, mais ça je vous propose qu’on en reparle dans un article dédié.
Pour aller plus loin, retrouvez les méthodes que j’applique chez moi au quotidien dans la formation 40kg de Légumes en Partant de Zéro, le plan d’action étape-par-étape pour avoir un potager productif et remplir des paniers entiers remplis de bon légumes du jardin, sans se prendre le chou et sans avoir la main verte.